Une symbiose dynamique s’adaptant aux changements
La symbiose est un principe biologique fascinant, montrant l’interdépendance des êtres vivants entre eux. Face aux dérèglements climatiques, ces relations se trouvent modifiées et montrent de nouveau l’incroyable capacité de résilience de la nature face aux changements.
Un lien Ă©cologique fragile
Les coraux peuplant les eaux claires, chaudes et peu profondes des rĂ©gions tropicales ne peuvent satisfaire leur nutrition sans l’association qu’ils forment avec les algues photosynthĂ©tiques : Symbiodinium. Grâce Ă cette association, le phĂ©notype des coraux change et leur confère des caractĂ©ristiques que l’animal seul n’aurait pas. Cette relation symbiotique est cependant menacĂ©e par le rĂ©chauffement climatique et la montĂ©e en tempĂ©rature des eaux de surface de ces rĂ©gions. Les algues, supportant mal ces changements, dĂ©peuplent leur habitat, diminuant drastiquement l’apport nutritif des coraux, ce qui peut conduire Ă leur mort mais Ă©galement Ă la destruction de l’écosystème qu’ils renferment. Cependant, en fonction de la gravitĂ© de la dĂ©gradation de l’état de santĂ© des coraux, certains individus retrouvent leurs compagnons symbiotiques Symbiodinium et le rĂ©sultat de ces retrouvailles est plutĂ´t encourageant.Â
Une symbiose dynamique et résiliente
Il existe diffĂ©rents types d’algues Symbiodinium, que l’on sĂ©pare en clades. Les coraux abritent ainsi un mĂ©lange de ces diffĂ©rents types en quantitĂ© variable, ce qui participe Ă un mĂ©tabolisme variable en fonction des individus prĂ©sents. En particulier, certains de ces types, comme SymbiodiniumD1a (Ă©galement appelĂ© S. trenchii) confèrent aux coraux l’avantage de pouvoir supporter 1 Ă 2 degrĂ©s de plus que les autres types de la mĂŞme espèce. Ce phĂ©nomène, permettant d’accroĂ®tre la capacitĂ© de rĂ©silience des coraux face aux bouleversements climatiques, intĂ©resse les chercheurs, notamment l’équipe de Ross Cunning, qui s’est penchĂ©e sur la question des causes du remaniement des symbiotes après un Ă©pisode de blanchissement. Ils ont ainsi pu voir qu’après un Ă©pisode de forte chaleur, la population peuplant les coraux varie fortement (voir figure 1) et que S. trenchii faisait partie des clades les plus prĂ©sents. Cette variation est liĂ©e de manière Ă©troite Ă l’efficacitĂ© photochimique des symbiotes, mais Ă©galement aux caractĂ©ristiques spĂ©cifiques de chaque hĂ´te corallien. Cette Ă©tude a Ă©galement dĂ©montrĂ© que la sensibilitĂ© du corail au stress, ainsi que sa durĂ©e influent sur la dynamique symbiotique. Cependant, les mĂ©canismes sous-jacents impliquĂ© dans la variation symbiotique restent Ă dĂ©finir.Â
Une hypothèse est toutefois formulĂ©e par l’équipe de Ross Cunning, expliquant que les retrouvailles corail-algue, une fois le stress attĂ©nuĂ©, seraient directement liĂ©es au remaniement des symbiotes.Â
Figure 1 : a) Trois espèces de coraux sont étudiées (Mcav = Montastraea cavernosa, Ssid = Siderastrea siderea, Ofav = Orbicella faveolata) selon le brassage de symbiotes en fonction de la durée de la hausse des températures imposée. b) Avantage photochimique conféré par la présence de D1a dans les trois espèces de coraux étudiées.
Â
Bien que la nature possède des ressources d’adaptation jusqu’alors insoupçonnée et que celle-ci fasse face aux dérèglements dû aux activités anthropiques, tous les coraux ne sont pas égaux au regard de ces remaniements. Plusieurs centres de recherche évaluent les possibilités d’aider ces organismes à  lutter contre ces bouleversements, notamment en se basant sur la variation symbiotique.