Relevé biologique – Manta Reef N+1
Compte rendu des résultats du relevé biologique du projet Manta Reef à N+1
Introduction
Les écosystèmes coralliens, abritant plus du quart de la biodiversité marine mondiale sont, de nos jours, menacés dans les océans du monde entier (Epstein et al. 2001, 2003 ; Wilkinson 2002 ; Soong et al. 2003) . Différentes causes sont mises en exergue selon les zones géographiques. Il peut s’agir d’un événement climatique prononcé, tel que El Niño, de la résultante d’activités anthropiques telles que la pollution, de la construction d’infrastructures sur les littoraux, des techniques de pêche destructrices etc…, d’une conséquence à l’augmentation de la concentration en gaz à effet de serre dans l’atmosphère induisant une hausse de la température de l’eau ainsi qu’une modification de l’équilibre physico-chimique des carbonates dans les océans (Hoegh-Guldberg 1999; Nyström et al. 2000; McClanahan et al. 2002; Hughes et al. 2003; Sheppard 2003; Bellwood et al. 2004; Hoegh-Guldberg et al. 2007). L’Indonésie se situe au sein du « triangle de corail » qui abrite une diversité marine exceptionnelle. Cette zone est souvent appelée la forêt amazonienne marine de par sa richesse biologique. Cependant, certaines pratiques illégales, mais toujours en vigueur, sont destructrices pour la biodiversité récifale. La pêche à la dynamite ainsi que la pêche au cyanure engendrent de gros dégâts (Jones et al. 1999), ayant des conséquences irréversibles pour les écosystèmes marins. Les programmes de restauration de récifs ainsi que la sensibilisation et l’implication des communautés locales s’y rattachant sont des activités essentielles à développer pour les générations à venir.
La restauration active des récifs est une des approches pour la conservation de ces écosystèmes (Rinkevich 2005).
Objectif de l’étude
Ce document présente les résultats du monitoring du projet Manta Reef. Ce dernier est un programme de réhabilitation de récifs par implantation de structures tridimensionnelles sur lesquelles vingt-neuf espèces de coraux durs ont été transplantés, environ 1200 boutures à cette date (Novembre 2014). Les coraux récupérés proviennent de sites de plongée proches et très fréquentés qui gisent sur un fond (soupe de corail) car cassés de leurs colonies mères par les ancres de bateaux, palmes de plongeurs, etc. Sur ces zones mouvantes ils sont condamnés à mourir.
Espèces concernées :
Genre Acropora : Acropora fomosa, Acropora horrida, Acropora azurea, Acropora bushyensis, Acropora carduus, Acropora milepora, Acropora divaricata, Acropora efforescens, Acropora florida, Acropora forskali, Acropora grandis, Acropora kimbeensis, Acropora loripes, Acropora microphthalma, Acropora nana, Acropora nasuta, Acropora nobilis, Acropora robusta, Acropora tricolor, Acropora variabilis.
Genre Anacropora : Anacropora forbesi
Genre Montipora : Montipora capricornis, Montipora danae, Montipora digitata, Montipora foliosa, Montipora spongodes.
Genre Hydnophora : Hydnophora Pilosa
Genre Seriatopora : Seriatopora hystrix
Genre Millepora : Millepora sp (n’est pas considéré comme un corail dur bien qu’aillant un squelette calcaire. N’existe qu’une seule espèce au sein de ce genre).
Le premier relevé biologique a été effectué avant l’implantation des structures afin de constituer un état des lieux de la faune piscicole du site. Un an après la mise en place du projet, un second relevé a été fait.
La méthode de « fish belt transect », qui consiste à recenser tous les poissons le long d’une transect de 20m de long par 4m de large et sur toute la colonne d’eau (le projet étant dans une zone peu profonde) a été choisie pour cette étude. Elle est utilisée, entre autres, dans les programmes suivants : Australian Marine Institute of Marine Science Long-term Monitoring Program of the Great Barrier Reef ; Global Reef Monitoring Network ; Reef Check.
Les relevés se feront une fois par an, à la même période afin de limiter la variabilité temporelle due aux reproductions et migrations. Cette méthode sert à déterminer l’abondance et la diversité des poissons fréquentant nos zones d’études. Ces relevés ont été opérés par Martin Colognoli le 10/07/2013 et le 25/09/2014.
Juillet 2013
Le relevé de juillet 2013 nous montre que les deux sites (témoin et d’étude) sont similaires en termes de richesse spécifique poissons (T-test, p = 0.9131) et d’abondance (T-test, p= 0.6985). Ces résultats sont logiques étant donné qu’ils reflètent la similitude des deux zones avant la mise en place des structures et des coraux.
Septembre 2014
Le test de comparaison de moyenne (Aspin-Welch) entre le site control et le site d’étude pour le relevé de 2014 montre une différence significative de richesse spécifique (T-test, p= 0.01996).
De plus les intervalles de confiances ne se chevauchent pas au risque 5%.
Control 2014 2.697347 11.302653
Site 2014 15.08663 50.91337
Concernant l’abondance, le test de comparaison de moyenne n’atteste pas d’une différence significative (T-test, p= 0.1248), malgré la différence des résultats (Tableau 1). Ce manque de significativité peut être imputable à la faiblesse de l’échantillonnage (n=3 transects). La taille des zones limitant les possibilités de mise en place de plus nombreux transects, affectent la significativité des tests statistiques (plus l’échantillonnage est petit, plus les différences doivent être grandes pour attester de la significativité)